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lundi 11 mai 2015

Dans la Gueule des Glycines



Tu retrouves l'essentiel dans le coeur des fushia. Tu as le droit de respirer un peu entre les fleurs de camélia et les différents cris de l'étourneau. Tu as le droit de respirer un peu, de ce souffle rauque de fumeur de clopes abusif, de celui qui a tous les vices.

Tu es beau, tu es vivant, tu vas dès à présent te souvenir que tu ne fais qu'un avec les feuilles rouges du prunus, que tu es le tronc, l'écorce, l'hirondelle et l'amarante. Allez, c'est maintenant que tu fronces les sourcils. Tu es beau et laid, tu es vivant et mort, passé présent futur. Tu te souviens l'odeur des pins, la couleur des cyprès. Tout ça est bien en toi, dans les cellules de ta peau, entre l'encre et l'épiderme.

Il semblerait que tu sois révolté contre tous les outils necessaires à ton accomplissement. Tu as toujours été attiré par ce qui est mauvais, ce qui n'est pas sein, ce qu'on a pas le droit de faire ou de dire. Pourtant, tu as le droit de respirer un peu, de rallumer une cigarette, de cracher tes poumons et de sourire un peu. Tu avais oublié que tu peux différencier le chant du moineau de celui du piegon, et te reposer dans le coeur des fushia.

Là-bas les marins du port s'activent de nouveau, c'est devenu très mécanique : On transporte des barils de limonade d'un cargo à un autre, on ramène les sardines pourpres dans les filets, et ça survie en autarcie entre couleuvres et piraterie. Je prends dans les bras la gamine aux cheveux de blés, et c'est un peu étrange. De sentir sa peau sur la mienne. Elle a le droit de respirer un peu, entre les mangarines et les fleurs d'acacia.

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