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dimanche 3 août 2014

La moindre des choses.



La pliure d'un brin d'herbe prenant des formes absurdes. Le vent qui te caresse la frange doucement, un peu le poids de la fatigue, un peu vivre au présent. Le galion est toujours désert et la Guerrière se tient le ventre en nouant les cordages. J'essaye encore de lui expliquer la disparition de mon équipage, le pourquoi du comment, les ombres et les lumières de mon histoire sans fin. Elle m'écoute d'une oreille et me répond de tout son être avec des vérités qui même dans les livres, ne sont pas si claires. Elle fait du tri dans mes affaires et je fais du tri dans les siennes, je n'ai jamais su qui suivait qui.

Il fait beau. Les plaies ont bien cicatrisé, les feuilles de plantin et d'arbre à thé ont fait leur boulot. On dirait que le monde est vide, pas même une mouette pour briser le ciel bleu. La Guerrière n'arrête pas de dire que ça sent mauvais. Quand les humains et les animaux se font la malle, c'est que ça sent mauvais. J'émets l'hypothèse d'un monstre marin qui roderait sous le bateau, on repense au grizzli abattu la semaine dernière et on sourit : Peu importe la taille du truc, nos techniques de combat sont devenues infaillibles. Et puis ce ciel trop calme, ce vent trop doux, ça va finir par devenir ennuyeux. On serait pas contre l'idée de croiser le fer encore un peu, à croire qu'on y prend goût, je veux dire. Au combat.

Nous sommes conscientes de l'importance du rythme dans un bon scénario. Il faut insérer des pages blanches dans toute construction d'histoire, des respirations, des arrêts sur image pour venir nuancer le chaos narratif. Et c'est ici que nous en sommes. A glaner les fruits qui roulent sous la table, à vivre pirate au milieu des cloportes. A battre des cils dans un cube de lumière pour finir par se dire comme on est heureux, et fiers, et forts de ne pas jouer dans la cour des insectes et d'avoir jeté l'ancre dans la cour des miracles.

Demain nous affronterons de nouveaux monstres, et sur cette pensée souriante on s'endort en étoiles.


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