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dimanche 6 juillet 2014

Marcel mon vieux
















Le détail du sempiternel cendrier de bronze
Terni par la cendre des cigares qu'il écrase
Des cigares qui l'écrasent

L'odeur de ses mots en surnombre
Courant comme des insectes dans tout l'appartement
Comment ça va mon vieux, comment ça va mon ombre ?
Marcel répond : Branlant.

L'insolence de sa posture quand il s'adresse à moi
La courbe de ses rides la texture de ses mains
Des choses que je lui dis et que je lui dis pas
L'abondance de ses livres que j'ai au creux des bras

Marcel mon vieux, Marcel mon pote.

L'insolence dont il fait preuve a l'égard du raisonnable
Son amour inconditionnel de l'instinct et du viscéral
Me font penser que ma vieillesse sera similaire à la sienne :
Un bureau, un stylo, du papier, des persiennes.

Me font sourire son combat contre le progrès
Ses discours anthropophages et ses vêtements souillés
Quand il casse une assiette quand il dit "je suis vieux"
Quand il ne ramasse pas les miettes qu'il a balancé
Dans mes yeux

Quand il se lève à l'aube pour écrire comme un fou
Comme un Ôgre qui cogne contre les murs de tout
Quand on parle du rythme et des verbes oubliés
Des verbes qu'on invite avec nous pour diner

Marcel mon vieux tu me ressembles tant
Si quelque chose explose tu seras au premier rang
Dans tes veines de poète la texture de ton sang
C'est le sang des comètes et le sang des volcans




















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