Revenue d'une descente infinie au centre de sa Terre. Ayant creusé sa propre croûte terrestre, rencontré son noyau en fusion, ayant effleuré son propre magma et embrassé sa lave, la voilà revenue couverte d'une boue organique, presque couverte d'organes. Un souffle rauque l'accompagnant, paisible mais trop sauvage pour être poétique, elle chante un peu pour elle et un peu moins pour d'autres : Hmmmm hmmmm. Fatiguée de tous les systèmes et nue de tous les mensonges qui l'encombraient jusqu'ici, la voila revenue, d'on ne sait vraiment où, allant plus loin encore. Hmmmm Hmmm. Fredonnant pour la mort et le corps qui balance. Je parle de la petite enfant que l'on voit juste là, recouverte de boue.
Un peu plus loin celle qui aimait toujours s'habiller comme un mec, et juste à côté d'elle ce type qui parle souvent tout seul en marmonnant des formules mathématiques indigestes. Revenus d'une descente infinie au centre de leur Terre, fredonnant cette petite chanson trop sauvage pour être poétique : Hmmm Hmmmm, Hmmmm.
A gauche derrière le bar de fortune, cette femme plus âgée qui ne trouve pas sa place parce qu'elle rêve de dragons et de chevaliers à un âge ou il paraît que ça ne se fait pas, mais son corps se balance et je la vois qui fredonne une chanson : Hmmmm Hmmmm Hmmm, revenue du centre de sa Terre.
Là-bas ce type aux yeux trop grands, l'artiste dont tout le monde se fout mais qui a de l'or dans les mains, trop incapable de mentir pour entrer dans les circuits vicieux de l'art, je vois qu'un sourire malin se dessine à ses lèvres, et le voilà qui ferme les yeux et fredonne la chanson. Hmmmm Hmmm Hmmmm. Revenus du centre de leurs Terre, dépouillés d'absolument tout, couverts d'une crasse indicible dont la vue et l'odeur les disqualifie d'office et les exclue d'un bon nombre d'endroits. C'est une crasse métaphorique que d'être recouvert de soi jusqu'au bout des ongles mais personne ne s'y trompe, et c'est qu'ils sont nombreux les gens que ça effraie. Revenir du centre de sa Terre c'est souvent les mains vides avec plus rien à vendre, c'est souvent translucide et du feu dans le ventre. Il faut dire qu'il y a peu de place pour les flammes et la transparence dans un monde qui se cache de sa propre démence. Mais je vois leur corps fredonner une parcelle de monde qu'on ne leur enlèvera pas, et je connais la force de ces corps recouverts de boue. Parce qu'il n'y a rien de plus beau et puis rien de plus noble que l'infini bataille du singulier contre la norme
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