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jeudi 27 novembre 2014

Are we Gangsta or what ?
















Leur accent incomparable quand ils tentent de parler français. Les chansons de José qui est fantastique, qui est formidable, qui est très mignon, qui est très gourmet et qui dit comme ça : 

Are we gangsta or what ? 

Va me manquer la moiteur des réveils, la texture lisse et douce des noix de coco qu'on tient avec deux mains parce que c'est un peu lourd. La terre rouge, les maisons en friches, les jus d'orange, de maracuja et d'acerola par million. Les déambulations nocturnes de gare routière en sac à dos, l'angoisse semestrielle d'une bouteille d'encre qui aurait hypothétiquement explosé dans un sac. Vont me manquer les frères Moustaches, les attentions de ceux qui nous ont pris sous leur aile, les cruches de limonade maison et le café corsé. 

J'ai les rétines en catastrophe qui tentent de retenir tout ce qu'elles peuvent dans une étreinte : La composition bizarre des arbres et des lianes, la sécheresse des palmiers, l'agencement d'un studio privé, le nombre de transferts accrochés sur le mur et le rythme serein d'un handpoke silencieux qui s'insère dans ma jambe. J'ai les rétines qui courent après des images en technicolore. Des maisons vertes et roses et le visage d'un vieux qui vend des balais-brosse. Il pleut sur Juiz de Fora, les rétines tentent d'attraper ce type en ciré jaune, debout sur une cariole tirée par un cheval trempé. C'est le Brésil sa mère, et ils le disent dans un français parfait ou presque : Le brésil sa mèrrrrrrrre. 

Are we gangsta or what ?


Les rétines ont des noeuds dans la gorge d'avoir la sensation de partir plus souvent qu'elles ne restent. Chaque dimanche elles retiennent un sursaut après des étrennes d'aurevoir refusant d'être des adieux. Le temps a modifié le rythme de sa course. Vont me manquer les heures passées à râler parce qu'on tatoue trop, à râler parce qu'on tatoue plus, les mixtapes de José dans la bagnole et les gros mots en portugais. Vont me manquer les punchlines de Mécanique, les histoires de Tarmasz l'enfant et de Tarmasz la guerrière. Dites moi encore que la vie est mal faite et je vous répondrai : 

Are we gangsta or what ? 

Parce qu'on a une chance indicible et qu'on en est conscient.

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