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vendredi 22 août 2014

Des maladies de luxe





Le vingt-et-unième siècle porte un pull a capuche, troué par deux fois au niveau de l'épaule et taché de peinture. Le vingt-et-unième siècle pousse un soupir de lassitude face aux bureaux cirés, pots à crayons bien ordonnés, odeur de désinfectant bon marché. Monsieur tape du pied sur la table. Pousse un sourire de certitude face aux lieux improbables, désertés par l'ordre établi et les formulaires rectilignes. Ces murs ou tout reste à écrire. Les fleurs du vingt-et-unième siècle ont donné naissance à des fruits et je suis l'un d'entre eux, les pieds solidement harnachés au bitume de mon époque, le sourcil relevé et les phalanges crispées. Le grand frère cosmique se questionne : Qu'allez-vous faire de toute cette fragilité propre à votre génération ? Je me vois hausser les épaules. Il a le double de mes années, il a Jupiter dans un oeil et Saturne dans l'autre, même pas sur qu'il s'en aperçoive. Ca brille pas mal là-dedans.

Il y a trop de lampadaires dans la nuit pour distinguer la moindre étoile, ça fait des siècles que la nuit n'est plus noire mais verte, teintée de rose, d'ampoules, de néons, de nuages. Pourtant nous n'allons pas nous arrêter ici et nous assoir. Ces bouquets de faiblesse ont du chemin à faire avant l'accomplissement, et les âmes ressemblantes cherchent encore à se tenir chaud dans le ventre des grands glaciers. Le mot tribu reprend son sens, mais cette fragilité, qu'allons-nous donc en faire ?

Je reviens d'une longue disjonction, une rupture dans la continuité des lignes de nos existences. Je reviens d'un séjour à bord d'un galion colossal, ou la poussière et le fer à souder, la peinture et l'idée ont pris le pouvoir sur les factures du réel. J'ai vécu avec les chiens, les chatons et l'odeur des pigeons. Le soleil n'a pas cessé de se montrer, se tirer, se montrer, se tirer encore. 

Ils franchissent des lignes blanches continues. Ils décident ce qui est juste et ce qui ne l'est pas. Ils mettent la plupart de leur énergie dans la construction du mot F-Ê-T-E, est-ce que vous savez réellement faire la F-Ê-T-E ? Il est encore possible d'apprendre. Ils appuient sur des boutons et ça fait de la musique, du rythme, de la chorégraphie futuriste et primitive. Pri-mi-tive. Je reviens d'une longue disjonction en forme de vacances sur un navire colossal en forme de liberté. Ca vous parle peut-être dans la conjugaison, c'est pas loin du verbe Être et ça touche l'horizon.




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