Il existe un triangle dont la base est sous terre et dont le sommet perce les nuages. C'est un isocèle isolé, échappé de la ville voire échappé du monde. J'y vais lorsque l'essentiel disparait, lorsque je trébuche sur mes obligations, lorsqu'autour de moi tout devient opaque, ennui, sérieux. Je me rends au triangle comme on rendrait les armes.
Des petites pièces en labyrinthe avec lumière et sans chauffage, qui s'entassent les unes sur les autres, dessus, dedans, à l'abandon mais pas vraiment. Le triangle en lui même est déjà un chef d'oeuvre d'architecture, mais la véritable oeuvre d'art c'est la tribu entre ses murs.
Il fait un temps dégueulasse dans le coeur des hommes ces temps-ci et je n'échappe pas à la règle. Pourtant dans les couloirs du Triangle je peux m'égarer dans la contemplation d'une meute qui s'active en dehors des schémas. Les pharaons n'ont que faire des jours de la semaine, des heures de travail, de l'argent qu'ils n'ont pas besoin de dépenser, pas besoin de gagner, du confort et des mensonges usuels : Parce qu'ils sont en mission.
Je dois régulièrement nourrir mes yeux. Si je ne le fais pas ils finissent par se déshydrater et meurent d'asphyxie, comme la pensée individuelle ces derniers temps. La nourriture préférée de mes rétines affamées c'est l'humain en mission hors du monde, sans supérieur ni employé, l'amour des tribus et la bonne humeur indémontable de ceux qui ont choisi de vivre sans chauffage, mais avec sourire, qui n'ont pas besoin de permis pour conduire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire