jeudi 4 décembre 2014
( Paris ou la fin des Mondes )
Ils ont le nez levé au ciel, l'air ahuri et les pupilles instables. Ils cherchent à renifler une odeur oubliée, des loups cherchant leur meute sans pouvoir en définir l'origine. Ils marchent en permanence. Vont d'un point à un autre sans arriver nulle-part. Parfois quelque chose dans leurs yeux semble déterminé mais cela ne dure pas. Et puis ils se frôlent sans arrêt, le vide entre les corps est de plus en plus mince, les coups d'épaule et les croisement d'haleine sont devenus légion. On ne peut pas dire que ça les aide.
Tout est devenu brouillé par le manque d'espace ou le surplus d'humains, c'est la plus grande confusion que le monde ai connu. Il n'y a plus rien de net ni de précis, les identités se côtoient de si près qu'une certaine porosité s'en dégage. Comme si en marchant dans la rue on ne faisait que prendre et donner au hasard. Contaminer et être contaminé, de façon minuscule, imperceptible, mais constante.
Le loup est hésitant. Il voudrait pisser quelque part, marquer son territoire et s'y coucher enfin mais il y a déjà de la pisse sur chaque centimètre carré du monde et le loup se partage entre malaise et empressement, il ne se couchera donc jamais, il marche. Va d'un point à un autre, croise un million d'autres loups qui viennent aussi d'un point, qui comme lui en rejoignent un autre, et qui comme lui ne vont nulle-part. Et qui comme lui cherchent à retrouver l'odeur perdue de la meute Alpha.
Il est dix-huit heure et il pleut sur Paris quand je réalise que comme eux j'ai le nez en l'air, recherchant l'odeur du foyer dans une ruelle qui sent la pisse.
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