Que le monde est tout noir, que les rats l'ont mangé. Que la loi du plus fort l'a encore emporté. Qu'il y a du goudron au coeur des mandragores et qu'il n'y a rien à faire pour ces yeux déjà morts. Je suis prête à entendre le hurlement des loups, l'absurdité d'un faon dans les phares d'une kangoo. J'ai vu en rêve ces bateaux minuscules, des réfugiés qui crèvent et la nuit qui recule.
Je ne vois pourtant là rien de bien enchanteur, quelques lignes droites et grises retenant du béton, un ciel qui crache acide et des oiseaux qui meurent, et pourtant des lumières jetées sur l'horizon.
Raconte moi l'histoire des tous premiers humains, j'ai les yeux grands ouverts et je veux tout savoir. Raconte moi les plaines, les rivières et le vent. Comment c'était avant qu'existe le mot "avant".
Qu'à trop lorgner sur l'impossible on fait tomber ses yeux. Que c'est ni grave, ni triste, ni dramatique. Que c'est la vérité et que le ciel est bleu.
Que l'oiseau ne veut pas autre chose que voler, que la rivière sait bien qu'elle ne peut pas bruler, et qu'il n'y a que nous pour vouloir toujours pire, parce que pire c'est plus grand, autre chose, différent.
Et maintenant dis moi. Qu'attends-tu pour briller ?
Que tu es convaincu, que la force est immense, qu'on peut tout faire, tout vivre, qu'on est de ceux qui dansent. Que tu sens la lumière courir entre les murs, et quand tu m'appelles frère quand tu dis que t'es sur. Que c'est la fin des cycles et qu'on commence à vivre, que c'est même pas mystique juste la suite logique. Qu'il y a de l'amour dans ces batisses en ruine, des silencieux qui courent et ce pacte qu'on signe. Alors dis moi encore, je n'ai pas bien compris, maintenant que tu sais, qu'attends-tu pour briller ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire