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mercredi 23 août 2017

Glaciale



Sur une ligne ils marchent et de chaque côté d’eux c’est le vide absolu, l’épaisseur de la nuit et la moiteur terrible de leur liberté, glaciale. Oui, glaciale, la liberté. On nous l’avait vendu comme une chose ronde et bucolique, comme une promenade sucrée sans encombres et sans cailloux dans les chaussures, on nous avait dit que la liberté c’était comme ces choses magiques qui arrivent dans les films avec des étincelles et des jolis violons derrière. En fait, sur une ligne ils marchent et la chute les menace sans cesse. En fait c’est surtout faire l’effort de marcher sur cette ligne, droite, tellement inconfortable et tellement décidée, cet espace incroyablement étroit et précieux ou ils n’appartiennent à personne. Qu’à eux même.

C’est vrai qu’ils sont une minorité, quand on les croise on finit par remarquer que leur pieds sont posés à des endroits toujours très réfléchis et calculés. Pas vraiment à l’espace qu’on aimerait qu’ils occupent, pas vraiment des pieds obéissants aux maîtres, encore moins aux dieux, mais posés sur cette ligne, concentrés. C’est un drôle de choix et je sais que nombreux sont ceux qui ont préféré marcher à tous les endroits et pouvoir s’affaler, partout, sur le monde, confortablement. Moi aussi j’ai envie de croire que la liberté ressemble à de l’affalement, parfois. Pourtant quand je les observe je commence à comprendre. Sur une ligne ils marchent et de chaque côté d’eux c’est le vide absolu, l’épaisseur de la nuit, et la moiteur terrible de leur liberté : glaciale.

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