C'est donc reparti pour un tour. Il va falloir, encore, se tenir droit dans un métro rempli d'ouvriers épuisées, de conasses babylissées, de bourgeois outrés par l'odeur des wagons. Il va donc, falloir insérer un nouveau jeton dans la machine à bonheur. Enjoy, les sourires sont en promotion, en déstockage, à croire que personne ne les veut. Avouez que vous êtes déçus qu'elle n'ait pas eu lieu, la sublimissime fin des siècles. L'ultime repos de vos âmes imbibées d'espoir. Avouez qu'au fond de votre petit être insectoïde vous esperiez le grand badaboom. La fin des heures supplémentaire sur madame Terre. Mais c'est pas grave. On s'adapte aussi à la vie en fin de compte.
Sans avoir aucune envie d'être d'accord avec ça. La tête sortant à peine de tous ces trucs sur le Bien et le Mal et l'absence d'opposition entre eux, en pyjama depuis trois jours, c'est donc reparti pour un tour. J'ai qu'une envie, c'est de fixer un caoutchouc sur la machine et d'appuyer sur la pédale.
De chez Moreau, je reviens toujours exaltée. Folle de mots. Le corps parcouru de bourrasques et les yeux beaucoup plus ouverts que d'habitude. Il était occupé par l'écriture de La langue de ma vie, son dernier livre avant le prochain. De mon côté je m'attardais dans les corrections du mien sans parvenir à lui dire combien je me sentais caverneuse d'avoir posé le mot fin sur une histoire qui n'était pas sensée en avoir une. Vous ne m'aviez pas dit, Monsieur, qu'écrire un livre consiste à le sortir de soi, donc à l'éliminer pour toujours de son ventre, bref à l'assassiner en quelques sortes. J'étais toujours tremblante de la mort d'un de mes personnages déguisée en naissance de livre. Mes entrailles avaient quitté leur foyer, et mon organisme était déjà occupé à en construire de nouvelles sur fondation de mots blasés. La charpente verbale de ce nouvel édifice ne portait pas de nom, et seules les quatre lettres de Milo désiraient bien danser dessus. C'est donc reparti pour un tour.
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